Petite histoire de doudou dauphin à lire aux enfants.





Bonjour Ethan,

 

Après avoir cherché Doudou Dolphinus partout dans la maison et dehors dans le jardin, j’ai fini par le retrouver dans le salon, là où nous avions construit la cabane quand tu es venu, sous le canapé. J’avais pourtant tout retourné pour le trouver ! Il avait dû se cacher sous le couvre-lit. Je l’ai donc installé dans un petit carton à côté de la porte d’entrée pour te le renvoyer à mon retour. Je partais le lendemain pour Marseille, j’ai bouclé mon sac et suis allée me coucher.

 

Dans le train, j'eus la surprise de découvrir Doudou Dolphinus endormi dans une des poches de mon sac-à-dos. Il avait profité de la nuit pour s’y glisser et partir en voyage avec moi.

 

Quand nous arrivâmes sur le Vieux Port, à Marseille, les poissonnières vendaient leur pêche du jour en criant à la cantonade. Il y en avait une, assez forte, les yeux peinturlurés de bleu. Elle avait des chaussettes blanches en laine un peu grises qui tirebouchonnaient sur ses mollets. Sous le soleil, des écailles de loup de mer brillaient sur ses Croc et entre les pavés. Quand la poissonnière bougeait les pieds, les écailles sonnaient comme des grelots. 

 

Avec le nœud de son tablier, la grosse marchande accrocha le coin de son étal et patratra ! Toutes les sardines tombèrent par terre. La marchande hurla. Doudou Dolphinus, tout excité, plongea au sol pour rejoindre les sardines.

 

La marchande, hystérique, s'est mise à crier :

« Rendez-moi mes sardines ! Rendez-moi mes sardines ! Ici ! À moi, au secours, au pied les sardines ! »

 

Elle n’en croyait pas ses yeux peinturlurés que ses sardines prennent la poudre d’escampette et qu’un dauphin si minuscule se mêla de ses affaires.

 

Doudou Dolphinus dansait sur les pavés en chantant :

« Libérez les sardines, libérez les sardines ! »

 

Les touristes sur le port s’étaient arrêtés, ils criaient :

« Allez les sardines, allez les sardines ! »

 

Les sardines, petits éclairs d'argent, traversaient le quai à la queue leu leu et se jetaient à l’eau en frétillant.

 

Les autres marchandes, par solidarité, poussaient de grands cris, n’osant quitter leurs étals où leurs poissons sautaient en l’air pour essayer de suivre les sardines.

 

Deux policiers arrivèrent sur place, interpellant la poissonnière, armés d’un alcootest :

« Hé Honorine, vous en faites un pastis ce matin ! Et arrêtez de nous la raconter avec vos sardines et votre Dôphin polichinus ! Dites-nous plutôt combien de jaunes vous avez basculés depuis le café ? »

 

Une main sur le cœur, la marchande refusa de souffler dans l’alcootest, pour protéger, dit-elle, son honneur de poissonnière.

 

C’est à ce moment-là que les policiers reçurent un appel urgent. Ils déguerpirent sous les yeux médusés de la marchande. Dans ses cheveux défaits scintillaient quelques écaillent de loup.

 

Doudou Dolphinus observait la scène en souriant de toutes ses dents, caché sous ma veste. Toutes les sardines étaient retournées à l’eau, il était content.

 

Dans le journal du dimanche, on apprit que plus aucun bateau ne pouvait circuler, le Vieux Port ayant été bloqué par une sardine. 

Ce que le journal ne dit pas, c’est que Doudou Dolphinus contribua, modestement, à ce fait historique … ce dont il est, secrètement, assez fier.

 

Après ce détour par Marseille, le voici donc de retour auprès de toi pour de nouvelles aventures. 

 

Je t’embrasse bien fort.

À bientôt,

B.

 

© Texte écrit en collaboration avec Laurent Ollier



 



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